Instant de surprise face à cette question posée au cours d’un repas par notre fils adolescent.
(Les repas: moments privilégiés où nous pouvons échanger quelques paroles, réflexions, anecdotes.
Il faut apprécier car au dessert il est déjà parti!).
Silence, regards, sourires et une réponse brève: »C’est bien. »
Une question en suspend dans le ciel bleu d’été.
Une question légère qui m’enveloppe de son voile de mystère.
Une question profonde qui fouille mes entrailles de mère, qui s’enracine pour s’épanouir et offrir son parfum.

Ca fait quoi de voir son enfant grandir?

C’est un émerveillement devant la vie qui se déploie.
Je n’ai ni le désir ni le pouvoir d’arrêter le temps.
L’oiseau libre s’envole, la rivière chante, bouillonne et caracole jusqu’à l’océan.
Naître, grandir, vieillir, mourir… Ainsi va la Vie.
Toutes ces années de la petite enfance aux classes lycée: qu’en reste-t’il?
Tout et rien.
Un parfum éternel.
Une empreinte sur la plage de nos jours.
Nous t’avons offert notre chaleur, des caresses et des sourires, des fessées (pas beaucoup),
de quoi te nourrir, de quoi te vêtir, des explications, du réconfort, quelques modes d’emploi,
notre expérience, notre confiance en toi, des remontrances et notre pardon,
des leçons de musique ,de mathématiques et de jeux de ballons.

Nous t’avons offert notre amour inconditionnel.

Nous t’avons donné des billes: à toi de jouer.
nous t’avons donné des briques: à toi de construire.

Aujourd’hui nous te proposons de l’argent de poche, notre tendresse, un accompagnement, quelques pistes à explorer,
nos reflexions, quelques exigences, des encouragements, un espace de liberté et d’intimité.

Toi, tu m’aides à grandir en me confrontant à mes propres émotions et réactions.
Ca fait quoi de voir son enfant grandir?

Pour celui qui la pose, la question a sûrement plus d’importance que la réponse.
Je t’imagine sur ton chemin de vie. Tu te retournes et tu vois au loin un petit garçon.
Un geste de la main pour lui dire: Adieu. Il ne peut pas te rattraper, tu ne peux pas le rejoindre.
Toutefois, tu peux le retrouver dans ton coeur.

Ca fait quoi de voir son enfant grandir?

 
Oh! Tu es beau mon fils!! Ton corps change, ta voix a muée.
Tu dépasses depuis longtemps ta mère en taille et en force!

Au delà du miroir des apparences, je te souhaite de cultiver la beauté intérieure: cette fleur qui ne flétrit jamais.
Cette fleur que tu peux offrir.

                                                                                      A Guillaume.        

 Marie-France Bel

 Stage Bataclown « clown 4 et conte » 16 au 21 juin à La Robin-Gers.

Je me suis mise au vert et mon nez est passé au rouge. Stop ! Le temps s’arrête.
Me voilà sur la planète clown. Je suis nouveau-nez.
Place au ressenti,aux émotions,à l’instant présent,à l’intuition (avoir du nez!), à l’imagination.
Dans un cocon de verdure et de moquette framboise nos corps se réveillent.
Douze stagiaires et deux animateurs. Tout un programme ! Compagnons éphémères pour partager le pain et l’ivresse.
Un miroir aux multiples facettes dans lequel nous pouvons nous mirer. A la découverte de l’autre soi-même!

Chaque improvisation est porteuse de sens. L’essence…
Aller au delà du jugement, de la comparaison. Accepter ce qui est.
Hommes et femmes en chemin, notre parcours initiatique enrichi par les contes ne fut pas de tout repos.
Temps de guerre, de souffrances et de courage.
Une marche avec 7 sabots de fer et 7 sabots de bois!!
Au coeur de la forêt ou tout en haut d’une montagne rencontre avec sorcières,ogres,ours et prince à tête de cochon !!
Nous avons tous été fécondé par l’homme semence et la graine va germer, n’en déplaise à la taupe.

Nos cinq sens sont en éveil.Au delà des images (on ne voit bien qu’avec le coeur…).
Rappelle toi, Anne, ma soeur Anne:la musique des mots au son de l’accordéon,rires, colères, danses et ce goût de pain d’épice en croissant de lune.

Je ne suis pas revenue du stage car revenir supposerait de retourner à la case départ. Ma perception est différente: affutée, curieuse…
Un grand sourire se dessine sur mon visage, un sourire pour dire oui à la Vie.

Avec mes ailes (de nez bien sûr), je m’envole.

                                                           
Marie-France Bel
Clown Solstice née le 21 Juin 2012.

Merci à toute l’équipe du Bataclown et tout particulièrement pour ce stage:

Bertil Sylvander. Le Bataclown. Compagnie de clown-théâtre fondée en 1980.

Agnès Dumouchel Conteuse.   L’Homme Semence de Violette Ailhaud – Parole Ed – Création 2012.

Ecoute:

 La cloche qui chemine: poésie de Goethe.

   Vacances, le temps s’étire et nous offre quelques plages de loisirs.
Dans le garage, face à l’établi, mon homme devient bricoleur. Ah! Quel bonheur!

 Il fabrique des boîtes pour contenir d’autres boites.
Tout en restant bien concentré sur son travail, son esprit vogue sur les ondes de la radio.
Il mesure, il scie, il lime, il plante des clous, il colle.
Patience et minutie sont de mise. La boîte prend forme. Le garage est rempli de ses oeuvres!

  Dans notre quotidien les boîtes se déclinent de mille et une façons:
Boîte à bijoux, boites gigognes, boite à sardines,boite de nuit,boite à chaussures.
Boîte à musique,boite d’allumettes, boite à bac, boite de réception, boite à tiroirs.
Boîte noire, boite aux lettres, boite à gants.
Boîte de Pandore.
Boîte à surprise (un Zébulon ou autre diable à ressort te saute au visage!)
Boîte à secrets: pièce d’argent, plume d’oiseau, dent de lait,caillou blanc,        
 pilule, nez de clown…

  Boîte à outils!

  
De la naissance à la mort, de la couveuse au cercueil,les boîtes,  
 parallélépipèdes plus ou moins rectangles nous poursuivent.
Tout est carré, calibré, structuré.
Des chercheurs ont voulu faire des oeufs cubiques pour mieux les ranger dans des boîtes.
Les poules se sont révoltées!

 Alors, serait-ce le règne de la règle et de la ligne droite?
Non, n’écoute pas tous les professeurs, les marchands et les beaux parleurs.
Regarde : la vie se construit autour de courbes, de sphères, de spirales.
Nuages capricieux, volutes de fumée, vagues, rondes et farandoles, coquillages…
Corps féminins…
La vie s’enroule et se déroule au rythme d’une respiration, un jeu de yo-yo.

  Je vous propose un programme de réconciliation:
 le mariage du cercle et du carré, de la règle et du compas,
de la fantaisie et de la structure.

  En ces jours d’élections, dans la boîte de verre,
 je glisse un billet doux parfumé sur lequel j’ai dessiné le visage du bonheur.  

                                                                                      Marie-France Bel

Né d’une graine, d’un pépin, d’un noyau, d’un gland..

Né de l’infiniment petit, des entrailles de la Terre.

Noire, humide, poussiéreuse, sableuse. ..

Né du mariage de l’eau et du feu.

Je suis né pour déchirer le sein de ma mère et rejoindre mon père le Ciel.

Je suis un pont vertical entre deux rives inaccessibles.

Je m’élance avec force et confiance. Mes rêves sont peuplés d’étoiles filantes, de cheveux d’ange, d’oiseaux migrateurs, de planètes insolites.

Je suis la chevelure d’une reine, la pilosité d’un géant, la toison secrète d’une femme.

Je suis le mât d’un navire sidéral. Je suis le souffle de l’humanité.

Je célèbre la vie du printemps jusqu’à l’hiver. Dans ma nudité je reste digne, et je  sais que les tendres pousses sont … Avenir.

J’aime le chant des oiseaux, la caresse du vent, un éclair dans la nuit, les bourrasques à me faire gémir..

J’aime les levers et couchers de soleil.

J’aime le rire des enfants grimpant dans mes branches.

J’aime les chuchotements des amoureux et le ronflement du dormeur.

Je t’accompagne sur ton chemin de vie du berceau au cercueil.

Je t’offre la fraîcheur de mon feuillage et le feu de mon désir .

Je t’offre ma chair et mon sang.

Je t’offre mon écoute et mon silence.

                                                                           Un Arbre   (Marie-France Bel )

Arbre de vie

Dans la prairie lumineuse et sèche se dresse un arbre, un vieil arbre. Il a toujours été là. Le plus éminent des batraciens le considère comme l’axe du monde. Son tronc d’une circonférence déjà impressionnante se dresse dans une verticalité stupéfiante. Il est bien difficile d’estimer sa hauteur. Ses branches, son feuillage flirtent avec les nuées. La colonie de grenouilles assoiffées s’est réfugiée au pied de ce géant. Elles perçoivent le murmure d’un autre monde, elles entendent des chants d’amour, des sources cristallines. Elles hument des parfums de vers gluants, de mouches écrasées.

La décision est prise : elles se lancent à la découverte de cet ailleurs si prometteur. C’est une joyeuse débandade .Elles bondissent pleines d’entrain. Mais elles déchantent bien vite. Je vous l’ai dit : la verticalité ! Bien difficile même pour des grenouilles aux pattes ventouses !!Une première grenouille abandonne, puis une deuxième et ainsi de suite. Elles attendent au pied de l’arbre déçues, épuisées. Elles regardent leurs compagnes qui persévèrent. Elles les encouragent…à revenir au plus vite sur la terre ferme de leurs ancêtres. « Vous n’y arriverez pas, c’est bien trop haut, écoutez nous…Soyez prudentes, la chute serait terrible…Autant dire mortelle…Ne prenez pas de risques, revenez ,ce n’est vraiment pas sérieux..Qu’elle inconscience !!..Nous devons rester groupées, solidaires et toutes agir dans le même sens.. »

 Les unes après les autres, les  grenouilles abandonnent : les yeux exorbités, les muscles tétanisés, la peau écorchée. Elles abandonnent toutes avec le sentiment d’avoir échappé à un grand malheur. Toutes ? Il en reste une, elle continue son ascension et elle disparaît bientôt dans le feuillage. « Elle a réussi ! » La colonie n’en revient pas . Cet exploit fait la une des journaux et déclenche de nombreuses jalousies.

Quelques jours plus tard la championne est de retour l’œil vif, la peau luisante, les fesses rebondies.

Aussitôt une grenouille s’approche d’elle, pour comprendre comment elle s’y est prise, comment elle a fait pour grimper et aussi pour savoir ce qu’il y a là haut : un monde nouveau sans doute…

La  championne  , elle était sourde et peut être bien muette aussi !

Elle est repartie le lendemain vivre et suivre son chemin….

                                                                                 Source inconnue.

                                                                                 Ecriture: Marie-France Bel

« Je ne puis regarder une feuille sans être écrasé par l’univers. »

                                                                                   Victor Hugo.

« Il y a deux sortes d’arbres: les hêtres et les non-hêtres. »

                                                                                  Raymond Queneau

En ces temps de Carnaval brisons les masques de l’habitude, du conformisme. Osons la nouveauté, changeons de rôle.

En ces temps de Carnaval allons brûler les pantins de pacotille porteurs de toutes nos peurs et du froid de l’hiver.

Jouons à la Commedia dell’ arte et découvrons de multiples personnages en nous.

Et voici quelques mots- pensées:

Aux premiers rayons de soleil, Natacha jeune fille anorexique a quitté son corps..Un papillon voltige….

La cruche est fêlée mais elle laisse passer la lumière….

Une journée sans miroir, sans regard.

Victime ou bourreau? Tu joues les deux rôles à la perfection…

La chirurgie esthétique n’a plus de secret pour elle….Dans sa cage dorée l’oiseau ne chante pas…

La glace a cédé, le guerrier a chuté, son armure s’est disloquée, son masque est tombé…Un enfant a crié. Un enfant est né.

Métro, boulot, dodo…Costume trois pièces, chemise impeccable, cravate à pois. Il sait très bien faire les noeuds de cravate…Métro, boulot, dodo..Sourire figé..Bonjour, ça va? Ca va….En ce jour de mardi gras il a esquissé une grimace …Et il s’est pendu avec sa cravate à pois…

La terre grasse est labourée. Un brin d’herbe se dresse vers le ciel. La Vie. 

                                                                       Marie-France Bel 

Nous vous souhaitons une belle année 2012:  

      Avec  des sourires et des rires par-dessus tout !

                des paillettes dans le regard

                de la douceur et de la chaleur.

     Un chemin parsemé d’étoiles, de cailloux et d’herbes folles.

     Des musiques endiablées et des interrogations divines.

     Des contes pour gai rire, guérir et grandir.

     365 jours pour aller à la rencontre de soi et des autres.

Que les cloches tintinnabulent et que les bulles pétillent !! 

                                                                          Marie-France Bel