Compagnie A Cloche Pied

    Dessine moi un nuage !
 Un nuage à la rondeur du sein maternel, à la blancheur laiteuse et à la douceur de la peau.

Nuages: frontière entre le monde d’en bas et le monde d’en haut!
Je vais vous dire où est-ce qu’il crèche le Bon Dieu.
Plus haut que le bout de ton nez, plus haut que ton bras levé, plus haut que le sommet des cocotiers, plus haut que le sommet des montagnes, plus haut que les premiers nuages.
C’est pour cela qu’on l’appelle parfois le Très Haut.
Oui ,le ciel nous invite à lever la tête, à regarder un peu plus loin que notre nombril!
Il nous incite à observer, à méditer, à percer le mystère!

Merveilleux couchers de soleil où les nuages attrapent, filtrent la lumière en des teintes sans cesse renouvelées. Regarde mon garçon, comme c’est beau! Il a vu et c’est une grande satisfaction. Cette leçon, il ne l’oubliera jamais.

Le voyageur au dessus de la mer de nuages.

Friedrich Caspar David. Huile sur toile. 19 ième siècle.

Comment sont nés les nuages?
Il y a bien longtemps sur la terre d’Afrique le soleil brillait plein feu et le ciel toujours bleu. La pluie qui existait déjà s’abattait brusquement d’une seconde à l’autre sans prévenir.
Un jour Icham ,le potier,dépose cinq cruches encore toutes humides sur la terrasse de sa maison.
Une goutte d’eau vient s’écraser sur son nez, une deuxième, une troisième et c’est une pluie diluvienne qui frappe le sol.
Icham n’a pas le temps de réagir: de ses cinq cruches,une journée de labeur, il ne reste qu’un torrent de boue.
Il se dresse vers le ciel: »Seigneur, c’est votre volonté, d’accord, mais je vous demande juste un signe pour nous annoncer la pluie. »
Le seigneur l’a entendu et il a créé les nuages!

source: Aux origines du monde-Maroc.- Flies France.

 » Ciel pommelé, femme fardée, ne sont pas de longue durée. »  Impermanence de toute chose !
Dans ma famille, j’ai toujours entendu « Ciel pommela pas longue dura » !! 

                                   Marie-France Bel

  72% de la surface de la terre et 65% du corps humain sont composés d’eau. Alors ça baigne?

Notre planète bleue perd ses eaux. Quelle mise au monde se prépare ?
Eau féconde, eau purificatrice, eau nourricière, j’aspire à me laisser porter par le courant de la vie.
L’homme ne peut pas tout maîtriser.
 Il y a plus fort que lui!! A la première vague ses digues s’écroulent comme château de sable. Illusion du pouvoir. L’imprévu est au rendez-vous!
Le ciel pleure, et…si le soleil ne revenait pas?
Il y a bien longtemps , la terre était plongée dans l’obscurité et le froid.

 Au delà du ciel se trouve un autre monde: une mer céleste de lumière et au centre de cet océan émerge une île et sur cette île s’élève un arbre étrange .
 Sur chacune de ses branches des outres sont suspendues et à l’intérieur  il n’y a rien d’autre que toute la chaleur de l’univers. Un ours est gardien de l’île. Il somnole sous l’arbre.
 Faudra- t’il à nouveau l’agilité de l’écureuil pour percer le ciel, la force du renne et la malice de la souris pour dérober une outre à chaleur?

Nous aussi partons à la recherche du feu, de la lumière. Repoussons les nuages, réveillons notre soleil intérieur.
Mettons de la chaleur dans nos relations et de la joie dans nos actions. Créons des ponts aux reflets de l’arc en ciel.

Si le soleil c’est du feu, alors la lune c’est de l’eau.
Si mon père est le soleil alors ma mère c’est la lune.
Elle me berce tendrement, un mouvement de vague éternel.     

   Marie-France Bel

Iris messagère des Dieux.

Photographie de Ninette. 

Tu a mis ta robe de fête. Tu voltiges de ci de là: ruban de couleur sur les fleurs de la Vie.
Tu invites à poser le regard.
Tu refermes tes ailes en une prière muette.
Tu nous enseignes le silence et l’instant, la légèreté et le détachement.

En ces jours de printemps, je veux bien papillonner avec délicatesse.  
De la chenille au papillon.

Un cocon de contraintes, d’habitudes.
Je pousse les murs de cette prison dorée.
Je trouve la force pour l’envol.

Se laisser surprendre par l’inattendu.
Découvrir de nouveau horizons.
Rencontrer et accueillir l’autre.
Goûter aux merveilleux de la nature.

A bientôt, je vais arracher quelques herbes folles, planter les fraises,
aller à la pêche avec le fiston et…

Les mots s’envolent tels des pétales de fleurs au vent léger.
 Sur ma main ouverte un papillon s’est posé. Intense communion. Ne pas bouger et respirer avec lui…

                                                                                 Marie-France Bel

30 Avril-1 Mai: La fête de l’arbre.

Dans la tradition celtique, deux dates se regardent dans un jeu de miroir.
Face à face.
Côté pile, côté face.
Farce à farce !
31 Octobre- 1 Novembre: Samhain, la nuit sacrée. Nous sommes à l’entrée de l’hiver.
Nous pénétrons dans la saison froide, sombre.
Intériorisation, méditation, gestation, germination…
30 Avril-1 Mai: Beltaine. (Bel: Dieu de la lumière). Les portes s’ouvrent à nouveau.
Nous quittons les entrailles fraîches et obscures de la terre pour recevoir chaleur et lumière.
Les feux de joie crépitent.
Deux moments clés où le monde tangible des hommes rencontre un monde onirique, effrayant, magique.
Un monde grouillant d’entités mystérieuses: divinités, fées, lutins, monstres et sorcières…
Notre part intime s’exprime sans restriction. Tabous, interdits volent en éclats.
Nous ne sommes pas loin des saturnales et autres carnavals.
Jeux, danses, chants, déguisements, histoires à donner la chair de poule ou le goût d’un paradis perdu:
une invitation à exorciser nos peurs, à rencontrer notre ombre.
Ces manifestations au parfum de soufre, pas très catholiques, ont été remplacées par la Toussaint et la fête de Sainte Walpurge.
Et les feux de Beltaine deviendront les feux de la St Jean au solstice d’été.

Jour de Mai (mai: branchage) Célébration du jour nouveau, de la beauté, de l’amour.
La terre est ensemencée et la femme féconde.
C’est une fête pastorale: les bêtes sortent des étables et traversent les feux pour être purifiées.

Jour de Mai
Un arbre sera coupé, amputé de la plupart de ses branches , érigé sur la place du village puis décoré de fleurs, de couronnes, de rubans, de gâteaux…
L’arbre, axe cosmique, invite à la ronde , aux jeux amoureux et à la procréation.
30 Avril-1 Mai à Gratentour:
Autour du chêne:
Nous reprendrons contact avec la nature.
Nous nous dépouillerons de nos vieux habits d’hiver.
Nous célèbrerons la magie d’être ensemble.
Nous goûterons le plaisir des mots et des nourritures terrestres.
Marie-France Bel !

  
Silence.

Arrêtez les alarmes, les sonneries, les sirènes, les bombardements, les explosions, les hurlements.

Arrêtez les moteurs, les menteurs, les décideurs.

Arrêtez les robots et autres machines à broyer.

Arrêtez les pensées noires, pensées assassines.

Arrêtez les bla bla bla, langues de bois, langues de vipères, paroles semant la peur et la haine.

Silence.

On tourne la tête. On tourne la page.
Un autre regard.Nouvelle écoute.

Silence… On tourne…Loudenvielle. Février 2013. Photographies: Alain Bel.

Un lac d’émeraude
Dans un écrin de neige
Un corbeau croasse.   

                     Neige immaculée
                 Le premier pas sur la terre
                 Naissance, jouissance.

                 Il défie le temps
                    Torrent, chevelure d’argent
                          Le cheval fougueux.
 

                                   Double silence…                                             

                                             Marie-France Bel

Plume

                                       
 Temps d’hiver
 Gel et neige blanche.
 Fiévreuse, je me blottis sous le vieil édredon de ma grand-mère à l’enveloppe satinée de rose     fanée.
 Quelques plumes s’échappent. Plume, plume, plume…
 Plume, tu m’invites à la légèreté, à la douceur .
 Un temps pour soi.

                              Plume

 Grâce à toi, Plume, la page blanche devient page d’écriture,
 tel un champ de neige vierge où je laisse l’empreinte de mes pas et de mon corps.
 Ne m’avez-vous donc jamais vu plonger dans cette floconneuse immaculée ? 
 Je retrouve mon âme d’enfant et je ris !!

                                                          Plume

Un chemin de feuilles mortes.
Humidité et couleur de terre.
Une plume de geai de sa couleur turquoise attire mon attention.
Un rayon de lumière dans l’obscurité.
C’est un cadeau du ciel .
La plume m’invite à lever la tête, à écouter le message des oiseaux et des anges …

   Plume

Au musée des écoliers d’Antan,
Le temps s’est arrêté : la plume Sergent Major dans son godet d’encre en porcelaine blanche.
Plein et déliés sont oubliés.
Taches et papier buvard au placard !

Au pays du clavier et autres modernités, l’écriture retrouvera ses lettres de noblesse.

De son pinceau ou de sa plume
Sur la plage parcheminée
Entre flux et reflux
Vagues à l’âme et encres colorées
Le Calligraphe célèbre la Vie.                                   Plume

                                         Marie-France Bel

 Terre    erre     air           r

Que votre terre soit féconde, porteuse de joie et d’espoir.

Que les jardins du monde fleurissent.

Terre      erre             air                   r

Rien qu’un petit air, l’air de rien…

Un souffle…

R Nouvelle…

                           Marie-France Bel

ETOILE                  

De la toile d’araignée
A l’étoile à régner
Un pas, un saut …dans le cosmos.

Je suis née sous une bonne étoile.
A ma naissance la toile est tissée, le thème astral est posé, les dés sont jetés.
Mais c’est à moi de continuer la partie, c’est à moi de suivre ou de tirer le fil,
c’est à moi de faire des choix et de jongler avec les planètes.
Je suis née sous une bonne étoile
Et j’en remercie la Vie.
VVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVivante.
Je dors à la belle étoile.
Corps à corps. Chair et terre.
Mon regard plonge et se dissolve dans l’infini stellaire.
Lumières vives, froides, scintillantes dans le bleu de la nuit.
Mystère, protection, silence.
MMMMMMMMMMMMMMMMorte, je retournerai dans les bras de ma mère la Terre et que mon Père le ciel m’enveloppe d’un linceul étoilé.

Luxe, lux, lumière.
C’est un privilège que de pouvoir dormir sous la voûte céleste.
Dans les villes le SDF se recroqueville sur un banc, sous des morceaux de cartons, sur les marches d’un escalier.
Lumières électriques. Ciel blafard.
Misère, misère de nos sociétés: le clochard chassé, rejeté s’est sans doute réfugié dans les profondeurs: caves, souterrains, égouts…
Il a rejoint les rats et il n’a plus de ciel.
Luxe, lux, lumière.

Firmament, labyrinthe des constellations.
Vertige devant cet espace temps infini.
Un livre à ciel ouvert pour les initiés: poètes, astrologues, astronomes, mythologues!!

Vertige. Perte de connaissance. Trou noir.
Espoir.

Une étoile suffit pour guider nos pas vers l’enfant à naître.

Bonne Année-Lumière à tous !!                                         Marie-France Bel

Le tre Parche  Bernado Strozzi 

 Matin

Coup de fil

Coup de tabac

Coup dur

Mon corps se voûte, s’incline.

Je suis abattue.

Mon regard se tourne vers la terre.

La tristesse se répand .

 Soir

Je me redresse et je continue mon chemin sur un fil…

  Fil d’araignée.

Araignée du matin: chagrin

Araignée du midi : souci

Araignée du soir: espoir.

La mortelle Arachnée, tisserande experte, artiste dans l’âme, s’est mesurée à Athéna,

 déesse de la sagesse, de la guerre et tisseuse divine.

Un défi où les deux femmes se lancent dans la confection d’une tapisserie.

L’oeuvre de la mortelle est divinement belle.

Athéna ne peut retenir sa colère, elle déchire la toile de sa rivale.

Arachnée, mortifiée, se pend.

Quelques instants plus tard, Athéna, prise de remords, défait le noeud coulant et Arachnée devient araignée.

Infatigable tisserande.

Au coeur de nos maisons, elle nous rend visite. Souvent nous la chassons à grands coups de balai.

Nous oublions ce qu’elle a été: une femme courageuse qui a osé affronter les Dieux de l’Olympe.

Sa toile est un magnifique mandala . Une perle de rosée brille et nous enseigne l’éphémère beauté.

De fil en aiguille,

 Les trois Parques nous conduisent de la naissance à la mort. La bobine du temps se déroule inexorablement.

Pouvons-nous choisir notre fil, sa texture, sa couleur, sa solidité. C’est elle, Atropos ou Morta pour les latins, qui avec sa paire de ciseaux mettra un terme à notre parcours.

Parfois, le fil s’embrouille, le noeud apparaît: rien ne sert de tirer dessus, de s’énerver, de s’obstiner. Patience, observation et le fil se désentortille, se dénoue.

Nous sommes sans doute des marionnettes manipulées par nos propres peurs, par des mémoires anciennes.

Alors, larguons les amarres, évadons-nous, tel Pinocchio faisons l’école buissonnière. Marchons droit, à la recherche de l’équilibre tel le funambule sur son fil.

Aurons-nous le courage d’affronter le Minotaure , caché dans le labyrinthe? Oui, oui ! Le fil d’Ariane viendra nous secourir et nous guider.

Marchons droit. »Tomber 7 fois, se relever 8 fois. »

En suivant le fil de mes pensées, et des vôtres, un tapis se crée. Tapis volant, tapis magique, tapis de la relation.

Créons du lien: liens sociaux, familiaux et amicaux voilà la véritable religion.  Tout en restant connecté avec la nature et  le silence de nos solitudes.

 La parole, souffle de vie,

Ma parole tisse un cocon de soie, de Soi, où je me reconnais, où je nais à chaque mot.

Un peu plus, un peu moins…Chaque jour…

Un jour peut être un papillon de lumière .   

                                                          Marie-France Bel         

Fraîcheur du matin, douceur du soleil : enfants et professeurs, cartables neufs et crayons bien rangés ont repris le chemin des écoliers..

Au manège de la Vie, au rythme des solstices et des équinoxes, les saisons font la ronde.
Les souvenirs d’été , les parfums aux notes marines et boisées  s’échappent de ma pensée.
Premiers jours d’automne : après le feu estival, un retour sur soi, un retour à notre terre intérieure s’impose.
Un temps d’interrogation sur le « VIEILLIR ».

 Constat dans la salle de bain : « Miroir, miroir, suis-je la plus belle en ce royaume ? »
« Majesté, vous êtes certes…mais.. . » Je perds mon assurance, ma fierté : une ride, un cheveux blanc, un poil noir, de la peau flasque, des articulations grimaçantes !
Je perds ma royauté.
Colère, refus, jalousie, tristesse, peur, le monde se dérobe sous mes pieds. L’éternelle jeunesse n’est donc pas pour moi !
Je vais me friper, me recroqueviller et…mourir.
Où est-elle cette Blanche Neige aux lèvres vermeilles, aux cheveux d’ébène ? Que je la crucifie sur l’autel de mon désespoir !

Pouvons-nous arrêter le sablier du temps ?
Pouvons-nous retenir l’eau qui glisse entre nos doigts ?
Pouvons-nous nous statufier en poupées Barbie, poupée celluloïd, héroïne de magazine ?
Non, mille fois non !
Je ne me ferai ni tirer la peau ni gonfler les seins. Alors, il ne me reste plus qu’à accepter le changement et les bouleversements hormonaux de ma cuisine interne !

 Ouvrons les yeux : la nature nous parle et nous montre un chemin d’humilité. « Souviens-toi que tu es né poussière et que tu redeviendras poussière ». Poussière d’étoiles…La pomme mûre tombe de l’arbre, se fripe, pourrit, et nourrit les petites bêtes. La rose fanée perd ses pétales un à un et nous montre son cœur. Chaque soir le soleil s’efface devant la nuit.
Vivre, vieillir pour apprendre à mourir, mourir à chaque instant pour cultiver le présent.
André Malraux a dit : «  La vie ne vaut rien et rien ne vaut la vie. » Accueillons ce rien pour gagner le tout ! Je perçois le vieillir comme un retournement, un passage de l’extérieur vers l’intérieur, du superficiel au spirituel. C’est un privilège de pouvoir se bonifier au fil des ans. Nombreux sont les vieux grincheux mais il y a aussi de jeunes cons ! Le temps ne fait rien à l’affaire !..
L’enjeu est bien de vieillir en restant jeune. Partons à la recherche de la Blanche Neige endormie. Imprimons nos pas sur cette terre immaculée. A chacun d’inventer sa vie. Inventer sa vie chaque jour.

Elixir de jeunesse

Coup de jeune assuré pour vos jeunes nuits.
Elaguer tout ce qui n’a pas d ‘importance. Faire le ménage dans sa maison et dans sa tête.
Etre à l’écoute et prendre soin de son corps et de son cœur.
S’offrir des moments de silence, de marche méditative, de massage ayurvédique, un carré de chocolat.
Avoir des projets, réaliser ses rêves, être créatif, découvrir, apprendre le chinois ou le crochet.
Travailler sur nos peurs (maladie, souffrance, isolement…)
Offrir notre présence, notre écoute, notre sourire, nos compétences.
Rechercher la bonne compagnie. Chanter, danser…
  Rire et pleurer.

  
VIEillir.

 Au retour du Festival de Montcuq: « La Rue des Enfants » Septembre 2012.

 
Un cortège de vieilles voitures pimpantes

  Pour leur sortie du dimanche

Sur l’une d’entre elles, une inscription:

 Ceci n’est pas une voiture, c’est un art de vivre. 

                                               Marie-France Bel